Avertissement.

Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

jeudi 25 mai 2017

fectum ex machina


 
Une escapade ligérienne et un nouvel indice pour ma petite presse (*)…
 

C’est en cultivant les échanges avec les animateurs dépositaires des matériels et savoirs qu’on avance. Et surtout moi, grand novice, qui apprends tout à leur contact. Aussi, il y a quelques semaines, mon camarade et moi rendions visite à l’un de ces conservateurs à l’occasion d’un road-trip en pays de Loire. Et c’est à Tours, en la cité natale de Plantin, que parmi les différents objets collectionnés par Muriel Méchin, je m’arrêtai sur cette petite machine que j’avais pourtant déjà vue sans m’y attarder plus que ça. Lors d’une précédente visite, ce jouet ne figurait pas encore à l’inventaire de mon petit atelier.
Comme d’autres outils et équipements d’un âge perdu, on ne sait pas bien les nommer comme on ne peut pas les tracer. La littérature demeure bien mince à leur sujet. Mais parfois, un modeste témoin, un tout petit indice, et on avance dans la connaissance. C’est tellement agréable !
 
 
 
Muriel conserve deux petites presses de facture assez similaires dont une qui a su conserver sa signature. Il a, par ailleurs, récupéré avec elle la notice, élément plus rare encore – la fonte reste, malgré tout, plus pérenne que le papier.
 
C'est une photocopie. Le texte a été repris au stylo... Pas terrible.

 
On découvre donc une enseigne et un nom. Tout aussi important, une adresse. Souvent cet indicateur est tout aussi déterminant pour la recherche. Dans les registres du commerce et autres enregistrements de dépôts, les noms peuvent se confondre, entre héritiers ou homonymes, dans un brut d’information de surcroit particulièrement laconique. 
 
 

Bon, le nom a eu tôt fait de matcher. Jean-Baptiste Bénévolo, nait à Lyon en 1841 et meurt dans la région en 1913. Il est d’abord mécanicien dans la capitale des Gaules et mène sa petite entreprise successivement rue Childebert au 25 en 1876, puis 28 rue Grenette en 1877, passage Hôtel-Dieu au 22 ; retour rue Childebert cette même année, enfin 48 rue de la République (ah, ah !) en 1889.

Une fois le bonhomme localisé – ce qui, déjà, date la petite machine ; vraisemblablement entre 1889 et 1909, date de session à Joseph Deneoux, son gendre, des rennes de l’entreprise par Bénévolo – il est plus curieux encore de découvrir l’étendu de ses talents. J’ai dégoté la plus grande part de ces infos sur le site Géomusée… du patrimoine des arpenteurs en Beaujolais !!! Ça colle en termes géographiques mais je ne m’attendais pas à lever des topographes ; mon truc c’est plutôt la typo-… En fait, ce centre ressources recense les métiers liés à la mesure, ses outils. Non, parce qu’autrement notre client était enregistré comme ingénieur opticien, breveté SGDG (pour Sans Garantie Du Gouvernement, une mention légale déchargeant l’administration de toute responsabilité quant au fonctionnement de tel produit). Sa qualification étant la construction d’instruments de précision appliquée aux sciences, aux arts et à l’industrie. On trouve à la suite de ça l’évocation de certains de ses contrats privilégiés avec les Hospices, les Chemins de fer et aussi certaines dépendances militaires, à Lyon toujours. Bénévolo reçu manifestement de nombreuses médailles à diverses expositions comme il fut reconnu spécialiste pour les laboratoires.
 
Des éléments de décors absents de mon exemplaire. Sont-ils d'époque ? Ma presse était complètement rouillée. Elle a été sablée et repeinte.


Quand trouva-t-il le temps de concevoir cette charmante petite presse ? On lui connait aussi aujourd’hui, outre des lunettes de précision, des jouets et modèles réduits – des bateaux notamment. Et voilà. Je l’évoquais en découvrant ma petite presse (*); c’était sans doute un jouet.
 

Finalement rien d’exceptionnel. Me sont revenus alors certains éléments glanés à l’occasion d’une autre enquête, toujours ouverte, regardant ma presse à platine, la Nationale.
Même galère pour pister son créateur, Léon Hachée. En trouvant des bouts d’adresses de ses différents fonds de commerces à Paris, je tombai sur un lien qui pouvait paraitre incongru : les machines à coudre. C’est pourtant évident. Ne parle-t-on pas, pour les presses de type Minerve de « pédalettes » du fait de leur entrainement ? Terme ambigüe d’ailleurs ; la Pédalette était initialement une plus grosse presse à arrêt de cylindre dite « en blanc », c'est-à-dire qu’elle n’imprime qu’un seul côté de la feuille, contrairement aux machine « à retiration ». Une machine du célèbre collaborateur de Voirin, Marinoni. Bref, la pédale qui anime l’arbre via des bielles est tout aussi familière de générations de couturières ; les machines qu’on trouve encore chez grand-mère fonctionnaient exactement de la même manière – à ceci près que la courroie intégrait le plus souvent leur système. Ainsi, les Hachée (& Successeurs) se convertirent dans cette branche ; le génie de l’ingénieur allant ici de pair avec son opportunisme commercial. 
 
Une plaquette publicitaire et une entête de lettre qui figure l'enseigne H. Hachée, successeurs. Le brevet de l'Excelsior est d'abord américain. On la retrouvera ensuite siglée Huskvarna, toujours vendu au 104, Boulevard Sébastopol. Cette machine apparait aujourd'hui comme un grand standard.
 
 
*
 
Moralité, en imprimerie, comme en couture, tout se recoupe.
 
 
 



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