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Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

dimanche 1 novembre 2015

Griffes d'imprimeurs, suite...


 
Le griffon de Gryphe, coloré dans un exemplaire des Colloques d'Erasme de 1536, du fonds de la Bibliothèque Diderot à Lyon.
 
Pour compléter ma modeste étude sur les marques d’imprimeurs, une autre petite bestiole hiérocéphale dont cet autre blogueur (lien) avait déjà évoqué la fréquence d’emploi chez les imprimeurs humanistes…
 




Petit détours, en ces congés de la Toussaint par Angers où j’ai découvert – pour occuper les enfants – le musée du Génie et son parcours très didactique. Au milieu des attributs de sapeurs et autres démineurs, tout à côté des éclairages sur les talents de Vauban, était présenté ce livre. Un cours de mathématiques intéressant les artilleurs comme les stratèges bâtisseurs qui, et c’est bien là leur vocation, parent l’intelligence des premiers. C’est évidemment pour sa marque que j’en ai volé une image…
 
 
Ici, c’est aussi l’adresse qui m’intéresse en ce qu’elle illustre ce que j’évoquais sur la description des lieux avant qu’on invente les numéros de voie. Celle-ci est particulièrement développée. Il faut considérer un tissu urbain sans doute plus dense qu’en plein XVIè siècle et qui force des descriptions de plus en plus fournies en détails. De quoi presser la dotation des numéros qui n'allait pas tarder alors. Là, le griffon témoigne aussi de l’adresse du libraire, "à l'enseigne de -".
 

Je revenais donc sur ses jolies marques souvent allégoriques qui ornent les pages de titre des éditions humanistiques. On en trouve un peu au-delà mais passés les derniers sursauts de la Renaissance – dans les champs du livre – après les deux ou trois premières décades du XVIIè siècle, les frontispices gravés hors-texte ou des ornements fleuris plus standards les remplacent souvent. Viendront ensuite des monogrammes et autres logotypes, mais aux âges modernes.

Donc, disais-je, je vous renvoyais sur un article de Bibliomab qui recensait quelques utilisations du fameux griffon au-delà – ou en marge – de la marque du grand imprimeur lyonnais Sébastien Gryphe. Celui-ci l’avait vraisemblablement choisi pour l’analogie avec son propre nom. En effet, à s’y pencher de plus près, l’animal chimérique ne peut pas se vanter des mêmes exploits que le phénix, par exemple, ou encore de nombreux autres oiseaux, bien réels, auxquels on associera telle noble vertu. Le griffon est costaud, certes. Il a un petit talent pour la recherche et la protection de l’or. Autrement, c’est pas folichon. Mais la fortune, c’est déjà pas mal et puis la bébête est réputée fidèle et dévouée…


 
La marque lyonnaise « originelle »,  soient : un griffon, un globe ailé pour la Fortune et un « cube » pour la Constance. Ici, le parallélépipède évoque le livre. Le plus souvent, il n’est le produit que de ses seuls attributs géométriques. La devise, en français : « La vertu pour guide, la chance pour compagne. »

 


 
Ici, on voit la marque première de Marnef associé à la veuve de Guillaume Cavellat (à droite) et cette autre marque qui clôt l’ouvrage (à gauche) ; en l’occurrence, c’est le troisième tome des Histoires prodigieuses, extraictes de plusieurs fameux autheurs, grecs & latins, sacrez & prophanes, livre suivi d’un quatrième tome et relié ensemble a posteriori, le tout imprimé entre 1575 et 1580. Un livre en vente en ce moment sur la toile…
On relèvera que ce bois (celui de gauche) est original, tourné à droite avec une subtile nuance dans la devise que ne manqueront pas d'apprécier les plus fins latinistes...
Jérôme de Marnef, plus jeune, est néanmoins quasi contemporain de son homologue lyonnais. Lui, utilise à Paris la marque du pélican en raison de l’enseigne de son échoppe. En marge du disgracieux piscivore, sa devise est la suivante : En moy la mort, en moy la vie. Aussi aurait-il pu convoquer le phénix que d’autres imprimeurs ont choisi. Pourtant, c’est le griffon qu’il presse en clôture de ses éditions. Et celui-là même qui identifie Gryphe.
 
 
 
Comme le blogueur cité en dressait une liste déjà large, on retrouve encore le griffon, dans une figuration moins majestueuse, chez Claude Baaleu, lui aussi imprimeur au Mont Saint-Hilaire, nouvelle appellation du quartier du Clos-Bruneau, proche la Rue Saint-Jacques à Paris. Cet imprimeur, moins connu, reprenait la marque d’un prédécesseur ; la bestiole n’est peut-être là que comme marqueur de l’adresse… 


Ici, dans les Œuvres de Varron commentées par Scaliger.



Je vous laisse poursuivre l’enquête. Et si vous voulez revenir à l’article précédent : c’est par là…
 

 
 

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