Avertissement.

Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

samedi 17 janvier 2015

Resister, imprimer.


C’était en substance la teneur des vœux que j’adressais  plus tristement qu’à l’habitude la semaine dernière : imprimer, c’est plus que jamais résister. Je ressortais alors de ma bibliothèque un portfolio recueil de dessins réunis en 1978 par la CGT et la FSM pour la solidarité aux grévistes de Chaix. Entre autres grands noms du dessin de presse, Wolinski et Honoré avaient donné une de leurs planches tant ce combat tenait à cœur de tous les acteurs gravitant autour de la profession. C’est pourtant un autre dessin que j’ai retenu ici parmi les 85 contributions à cette opération de soutien :
 
 
Jean-Pierre Lacroux était auteur, dessinateur et typographe. Outre son œuvre dessiné, il a laissé un lexique de la typographie française accessible en ligne : Orthotypographie, Orthographe & Typographie françaises, Dictionnaire raisonné. lien.


Evidemment, le contexte n’était pas celui qui continue de nous bouleverser depuis quelques jours. Mais ce dessin en particulier, et en relation avec ce que j’étais justement en train d’encrer ma première composition typographique quand des abrutis fanatiques s’attaquaient à notre liberté, résonne autrement. Comme d’ailleurs la nouvelle une de Charlie – vivant – est un acte de résistance. Et ces dessinateurs géniaux ne sont-ils pas morts en résistants ? Résistants au politiquement correct, aux doctrines les plus abrutissantes, à la connerie. Défenseur de nos valeurs et du droit à la liberté d’expression. Serviteur de la presse et de toute son histoire. Même quand ils pétaient à table.

 

Pour mémoire et pour l’histoire de l’imprimerie,  la lutte des travailleurs de l’imprimerie Chaix devait rester comme l’un des mouvements sociaux les plus longs de ces dernières décades. En effet, après une première grève en 1974 sur fond de restructuration du groupe Néogravure alors propriétaire de Chaix, les imprimeurs audoniens obtiennent des accords garantissant le maintien de l’outil de travail ainsi que le rapatriement de trop nombreux travaux d’impressions délocalisés à l’étranger.

Quelques mois plus tard, en 1975, des manœuvres d’abord confidentielles et qui convoquent tout à la fois le gouvernement de Giscard et la banque Paribas, reviennent sur les accords de novembre 74. Un plan de licenciement est présenté prévoyant 410 suppressions d'emploi sur un effectif de 640 personnes. Ce qui est alors pris – et sans doute à juste titre – comme une trahison par les partenaires sociaux conduit à un dépôt de bilan en décembre 1975.

Le conflit à Chaix durera jusqu’en 1980 et sera soutenu par la municipalité de Saint-Ouen où l’atelier fut construit en 1880. Cette période verra de nombreuses occupations d’imprimeries partout en France. En effet, le rapport Lecat publié en 1974 prévoit alors la disparition de 15000 à 20000 emplois dans les métiers du livre. Le mouvement de solidarité avec l’imprimerie Chaix restera comme l’un des plus spectaculaires de la profession.

Après 68 mois de conflit, l’imprimerie réouvrira en 1981. La nouvelle structure après rachat aux enchères des locaux et de l’outil de production emploiera 47 salariés.

 

Cet autre dessin d’Honoré versé au recueil 85 dessinateurs pour le livre, imprimé par Chaix, à Saint-Ouen.

vendredi 9 janvier 2015

De la flotte dans mon encre...

...de l'eau salée, amère.

Mais aujourd'hui c'est important d'imprimer.

On reparlera de typo. Plus tard...
 

 



mercredi 7 janvier 2015

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Il y a pas mal d’années maintenant, je devais avoir 18-20 ans, dans les allées de la Fête de l’Huma je m’arrêtais pour obtenir une petite dédicace de quelques dessinateurs présents, habitués des marges de l’Huma Dimanche. Il y avait Luz et puis Charb. À la chaine, ils croquaient autours du thème de la boue – celle qui se mélangeait à la paille et qui nous faisait parfois regretter l’atroce poussière des éditions les plus sèches. Je ne retrouve pas mes dessins, ça m’ennuie. Peu importe. On n’est plus dans la boue. On n’est même plus dans la merde. On n’a plus rien sous nous ; le sol se dérobe.  Avec lui les fondements de la liberté. C’est même pas mon seul attachement à la devise qui flotte à l’entrée du sanctuaire de l’éducation dont je suis l’un des serviteurs. Je suis choqué. Bouleversé.

Cabu, Wolinski, Tignous, Charb, ceux dont je ne connais pas le nom et qui servaient aussi des valeurs communes.

Je suis Charlie.
 
 
 
Charlie Hebdo N° 1177, 7 janvier 2015. p.7